Les coûts cachés de l’addiction : Mon parcours avec Final Fantasy XIV

Final Fantasy 14

Ce n’est pas facile d’écrire à propos de Final Fantasy XIV—un jeu sur lequel j’ai sans aucun doute passé le plus de temps. Lorsque j’ai décidé de faire une pause, j’ai capturé une capture d’écran pour réfléchir à mes heures de jeu. Écrit en japonais, elle affichait 218 jours, 9 heures et 3 minutes—soit un total ahurissant de 5232 heures. J’ai accumulé ce chiffre en seulement quelques années.

J’ai été introduit au jeu par ma femme, qui voulait y jouer avec sa sœur. Sachant que j’aimais les jeux, elle m’a invité à essayer. Cela s’est passé pendant le confinement COVID, à un moment où j’avais récemment arrêté de boire et où je me suis soudain retrouvé avec beaucoup de temps libre. Mais en remplaçant une addiction par une autre, je suis devenu complètement accro.

Pour ceux qui ne connaissent pas, Final Fantasy XIV est le deuxième MMORPG (jeu de rôle en ligne massivement multijoueur) de la célèbre série Final Fantasy. Ayant joué à presque tous les autres titres de la franchise, j’ai toujours évité les jeux en ligne à cause de l’abonnement requis et de ma tendance à devenir facilement accro. Cependant, la promesse de socialiser pendant la pandémie m’a convaincu d’essayer.

Un jeu trop vaste pour être maîtrisé

Le jeu regorge de contenus incroyablement riches. Si, comme moi, vous essayez de compléter les jeux à 100 %, cela ressemble à une bataille perdue d’avance, à moins de consacrer presque tout votre temps au jeu—ce que j’ai fait. Bien que je n’aie pas atteint une complétion totale, j’ai monté tous les jobs au niveau maximum, terminé la plupart des quêtes secondaires et accumulé une grande richesse dans le jeu.

L’immersion et l’immensité des contenus expliquent pourquoi le jeu est si populaire. Cependant, après avoir terminé l’histoire principale, je me suis senti perdu. Les contenus les plus difficiles nécessitent un groupe fixe—une équipe de joueurs dévoués qui se rencontrent régulièrement pour s’entraîner et élaborer des stratégies. Comme j’ai principalement joué en solo, je ne pouvais pas progresser davantage sans rejoindre une équipe, ce que j’ai évité. Avec le recul, cette limitation m’a permis de me détacher du jeu une fois l’histoire terminée.

Quand le jeu prend le dessus

Ce que je n’ai pas réalisé immédiatement, c’est à quel point le jeu avait commencé à dominer ma vie. J’ai commencé à trouver des excuses pour jouer davantage : annuler des rendez-vous avec des amis, manquer mes événements hebdomadaires de basket, et même me convaincre que ces activités étaient une “perte de temps”. Toute ma vie s’organisait autour du jeu—je dormais moins, préparais des repas rapides pour gagner du temps, et structurais mes journées pour jouer le plus possible.

En essence, j’étais accro. Comme pour toute addiction, la première étape est de reconnaître le problème.

Maîtrise ou succès vide ?

On dit souvent qu’il faut entre 3000 et 10 000 heures de pratique pour maîtriser une compétence. Si c’est vrai, je pourrais avoir “maîtrisé” Final Fantasy XIV, mais voici la vérité : Qu’est-ce que cela m’a apporté ?

Les parallèles avec mon ancienne addiction à l’alcool sont frappants. Bien que l’alcool m’ait permis de rencontrer beaucoup de gens, la majorité de ces relations étaient superficielles, basées sur une dépendance commune. La même chose peut être dite pour mon addiction au jeu—les liens créés en jeu manquaient souvent de profondeur et de signification.

Manipulation cérébrale : les designs addictifs des produits modernes

Les entreprises modernes ont perfectionné l’art de manipuler notre cerveau pour favoriser la consommation. L’alcool, par exemple, agit directement sur le cerveau en supprimant le cortex préfrontal, responsable de la pensée rationnelle, ce qui nous rend plus enclins à des comportements désinhibés.

De la même manière, de nombreux jeux mobiles intègrent aujourd’hui des mécaniques de “gacha”—un système inspiré des machines gachapon japonaises, semblables aux machines à sous. La montée d’excitation provoquée par le hasard déclenche des montées de dopamine, le même processus qui alimente l’addiction dans les réseaux sociaux. Faire défiler les vidéos ou images à la recherche du prochain “rush” recrée ce cycle chimique addictif.

Les Reels d’Instagram et TikTok exploitent également un instinct primaire : notre cerveau est naturellement attiré par le mouvement plutôt que par les images statiques, rendant ces plateformes extrêmement addictives.

Le nouveau “sucre” pour le cerveau

Lorsque le sucre artificiel a été synthétisé, les industries ont rapidement reconnu son potentiel addictif et l’ont ajouté dans les produits du quotidien. Aujourd’hui, l’information est devenue le nouveau sucre.

Notre cerveau reste hautement malléable jusqu’à 25 ans, rendant les enfants particulièrement vulnérables. Les bombardements de dopamine provoqués par les réseaux sociaux, les jeux, et même la nourriture transformée reprogramment leur cerveau, créant des dépendances difficiles à surmonter.

Une menace pour notre humanité

Tant que nous ne repensons pas nos outils technologiques, les interdire aux enfants ne suffira pas. Pensez à la bombe atomique—considérée un temps comme impensable après la Seconde Guerre mondiale, mais dont l’existence a continué d’escalader. De la même manière, nous continuons de créer des produits qui portent atteinte à ce qui fait notre humanité : notre cerveau.

Si nous exposons consciemment les générations futures à des outils qui compromettent leur capacité à prospérer, quel genre d’héritage laissons-nous derrière nous ?


Qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà vécu une expérience similaire avec un jeu, une application ou une autre activité ? Partagez vos réflexions ci-dessous et discutons-en ensemble !

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