L’humour peut-il révéler les défauts les plus profonds de notre société ?
Les Trois Frères est un film comique français sorti en 1995, écrit, réalisé et interprété par Didier Bourdon et Bernard Campan, aux côtés de leur partenaire des Inconnus, Pascal Légitimus. Trois frères se rencontrent pour la première fois après le décès de leur mère. Pensant hériter de sa fortune, ils dépensent rapidement l’argent qu’ils croient avoir. Pourtant, lorsque l’héritage ne se matérialise pas, les frères se rapprochent en tentant de trouver une solution ensemble. Ce film est depuis longtemps l’un de mes préférés, non seulement pour son humour, mais parce que j’ai toujours admiré la manière dont Les Inconnus dépeignaient avec justesse les réalités sociales de leur époque. Hélas, les problèmes qu’ils soulevaient sont encore tristement actuels.
Sommes-nous suffisamment présents émotionnellement pour nos enfants ?
Nous savons aujourd’hui que le développement émotionnel des enfants commence très tôt, alors que leur cerveau est encore en formation et que le cortex préfrontal—partie responsable des décisions rationnelles—n’est pas encore pleinement développé. Cela signifie que, contrairement aux adultes, les enfants prennent des décisions principalement guidés par leurs émotions. Dans le film, Michaël, le fils de Didier, a grandi sans père, avec une mère souvent absente à cause de son travail de steward. Quand on comprend à quel point la relation avec nos enfants est cruciale pour leur équilibre émotionnel, on réalise douloureusement à quel point notre société actuelle n’est pas adaptée. Les moments passés avec ses enfants se limitent souvent à quelques heures par jour—quand ce n’est pas moins encore—et certains ne mesurent même pas l’importance de cette présence. Être parent implique une responsabilité profonde : aucun enfant ne demande à naître, et il est donc de notre devoir d’offrir un soutien émotionnel de qualité. On ne regrette jamais, à la fin de notre vie, de ne pas avoir travaillé plus. Ce qui compte, c’est la présence émotionnelle.
Ne sommes-nous pas plus semblables que nous voulons le croire ?
Dans le film, les trois frères portent une marque commune dans le dos, une preuve visuelle qu’ils sont liés par le sang. Michaël possède également cette marque, symbolisant son appartenance à cette fratrie. Dans l’histoire, cette idée d’ »appartenance prouvée » a été instrumentalisée de manière bien plus sombre. Pour justifier la haine envers un groupe—nation, ethnie, genre—la déshumanisation a toujours été un outil redoutablement efficace. En niant à l’autre son humanité, il devient plus facile d’accepter, voire de justifier, la violence. Ce fut le cas pendant les guerres, la colonisation, et cela perdure sous diverses formes aujourd’hui. Pourquoi cela fonctionne-t-il ? Parce que si l’on admet que tous les êtres humains sont égaux, alors les récits des extrémistes perdent leur pouvoir. Ces discours ne prennent racine que lorsque l’on abdique notre conscience. Pour contrer ces dynamiques, il faut cultiver la conscience de soi. Et cela passe par des habitudes saines pour le cerveau : l’éducation, les routines, l’équilibre émotionnel, et les liens humains profonds.
Selon vous, les médias comme Les Trois Frères peuvent-ils encore éveiller les consciences sociales et émotionnelles aujourd’hui ? L’humour a-t-il encore le pouvoir de rassembler et de faire évoluer les mentalités ? Partagez votre avis en commentaire.
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